Home»mis en avant»Focus sur le nouveau Facebook : Ce Big Brother qui fait peur !

Focus sur le nouveau Facebook : Ce Big Brother qui fait peur !

0
Shares
Pinterest Google+

Facebook is watching you

 

Courant Septembre 2011, lors de la conférence f8, Facebook (le plus grand réseau social au monde avec plus de 750 millions de membres) a annoncé les changements majeurs qu’il apporterait à sa plateforme.

2 évolutions ont principalement attiré  l’attention du grand public :
— La mis en place de la TimeLine.
— Le partage par défaut.

Pourquoi Facebook impose ces nouvelles fonctionnalités ?
Quels en sont les avantages et inconvénients ?
Quelles évolutions préfigurent-ils dans la relation entre les internautes & le web ?

ATimeLine : Ton passé est bien présent

Votre profil Facebook sera désormais présenté sous forme d’un flux chronologique organisé par  périodes depuis le jour où vous avez rejoint le réseau. Ce que vous avez “liké”, les lieux où vous avez “check-in”, les changements d’employeur que vous aurez indiqué, les péripéties de votre vie amoureuse …. TOUT l’historique de votre activité sur Facebook sera désormais stocké et visible par vos amis ad vitam eternam sous forme d’un mini-agenda. “The Social Network” espère ainsi devenir votre biographie officielle online !

Mais la gravité n’est pas dans l’utilisation de cet outil en tant qu’ “interface” de profil. Car, en fin de compte, Facebook ne fait que faciliter la visualisation et l’accès à des données dont il disposait déjà. Le principal problème réside dans le fait que Facebook  CENTRALISE et CONSERVE ces données ! Paraît même que l’histoire de votre vie a été transférée près du cercle polaire arctique, histoire d’être bien congelée et protégée…

La TimeLine n’est cependant pas encore activée sur l’ensemble des profils. Mais vous pouvez le faire sans attendre si vous le souhaitez -> Comment activer la TimeLine sur mon profil Facebook ?

B| Partager ou ne pas partager 

La principale ressource dont dispose Facebook, ce sont les informations personnelles sur ses membres. C’est cela qu’il vend aux annonceurs : un ciblage au millimètre près de leurs publicités. Et plus vous partagez, plus Facebook cernera vos goûts, vos centres d’intérêts, votre personnalité… et mieux il monétisera la publicité sur son site et l’accès à votre profil auprès des annonceurs.

-> Voir “Facebook vous connaît mieux que vos parents

L’évolution du partage semblait assurée pour Zuckerberg, le fondateur du site, par une sorte de règle statistique. “I would expect that next year, people will share twice as much information as they share this year. And next year, they will be sharing twice as much as they did the year before”. Selon (ce que certains appellent) la “Loi de Zuckerberg“, le nombre d’éléments partagés online connaîtrait une croissance automatique et exponentielle avec le temps.


Cependant, une ressource ayant une si haute valeur financière ne pouvait être laissée entre les mains de l’internaute, au gré d’un clic sur le bouton “Partager”. Zuckerberg ne pouvait pas laisser perdurer ce “sous-partage“.

«Notre solution a été de créer un nouvel endroit, plus insignifiant, permettant d’y voir des choses plus légères –et nous avons eu l’idée du Ticker» (Lors de F8).

C’est dit! La “Loi de Zuckerberg” ne sera pas validée avec le temps : elle sera forcée ! Facebook permettra aux développeurs de créer des applications dont votre usage sera immédiatement partagé sur votre profil. Sans que vous ayez besoin de le signaler ou de cliquer sur le bouton “partager”, l’article que vous lisez (sur TheGuardian), la vidéo que vous regardez (sur Netflix) ou la chanson que vous écoutez (sur Spotify) seront partagés en temps réel avec vos “friends”.

Remarque : Le partage par défaut n’est pas irréversible : il est possible de “opt-out” et refuser le partage automatique. 
Mais nous discutons dans ce qui suit du “principe” d’utilisation qu’a voulu installer Facebook. 
 

CPour ou Contre le partage par défaut 

Avantages :
– Certaines personnes approuvent cette évolution, arguant qu’ils acceptent tant que cela leur permette de recevoir des offres plus adaptées à leurs besoins, plus susceptibles de les intéresser. Mais à part cela, je ne vois pas d’autre avantage…..

Inconvénients :
– Peut-être que vous ne voudrez pas que votre entourage sache que vous êtes un grand fan de Britney Spears et que vous l’écoutez en boucle…. 🙂 il y’a l’éventualité que soient partagées des informations que l’on aurait préféré ne pas rendre publiques.

– Une hausse de la quantité de liens partagés induira forcément une baisse de leur qualité . Le réseau tombera dans l'”Over-sharing” et la production de “bruit”. L’aspect “curation” que représentait le partage sera éliminé et l’information perdra de sa pertinence.
Au-delà, c’est la dimension “humaine” du réseau social qui en prend un coup : l’individu passe de “recommandeur” actif à simple plateforme “passive” et “automatique” de diffusion envers son réseau social. YOU-ARE-A-RO-BOT ! 🙂

Frictionless sharing is CRAP! There is no pros. It is a robot sharing with me, not my friend. If my friend can not even bother to select his recommendations, then he is not my friend anymore. He is just spammer.” (commentaire online).

– Si nous poussons le concept à l’extrême et que nous supposons que les objectifs de Facebook et ses partenaires soient totalement atteints, qu’obtiendrai-t-on ? Un monde de communautés et des mini-réseaux fermés sur eux-même avec des individus qui écoutent, lisent et regardent les mêmes choses. Loin de permettre la découverte, Facebook rétrécirait notre monde et notre horizon. 

 

D | Big Facebook is watching YOU !

 


 Couplons maintenant ces 2 outils : TimeLine & Partage par défaut. Q’est-ce qu’on obtient ? Un Facebook assez proche du célèbre Big Brother de 1984: “all seing, all knowing, tracking your every single move.”

Les évolutions de Facebook sont surtout intéressantes à suivre parce qu’il s’agit d’une “locomotive” et d’un indicateur sur son secteur d’activité. En ce sens, il nous permet d’anticiper ce que sera le web de demain.
Et la réponse qu’apporte le géant de la Silicon Valley est pour le moins radicale : 

La transparence devient une norme sociale. L’ère de la vie privée et de l’anonymat sur Internet est peut-être terminée. Mais cette transparence ne sera peut-être pas  limitée au seul web : “In the near-term future, almost every action that you take at home or out in the world will be tracked and measured.” (ReadWriteWeb). La frontière entre la vie personnelle et la vie online tendra de plus en plus à s’effacer.

Le partage d’informations devient dynamique, en temps réel et par défaut (sans besoin de clic ou de moindre geste de la part de l’utilisateur). L’information a trop de valeur pour qu’on fasse dépendre son partage du bon vouloir de l’utilisateur…
Les constructeurs automobiles empruntent d’ailleurs la même voie : la prochaine génération de véhicules sera équipé de systèmes partageant et récupérant des informations en temps réel afin de faciliter la conduite, la mobilité et des usages tel que le partage

E | Where is my life ?

La fin de la vie privée est-elle l’envers de la médaille du web ?
Certes, il est gratuit. Mais comme il faut bien que quelqu’un paye, l’utilisateur paye en mettant sa vie privée “à poil” et en servant de micro-média (“je diffuse autour de moi“) pour les annonceurs.

Et quelle solution s’offre alors à l’utilisateur soucieux de préserver sa vie privée ? Des réseaux sociaux commencent à surfer sur cette problématique :
Certains proposent une expérience plus respectueuse de l’internaute ->  Diaspora. D’autres proposent carrément de payer pour avoir le droit de protéger sa vie privée -> C’est le pari que fait Unthink.

Mais il semble déjà trop tard : Malgré les plaintes des utilisateurs mécontents qui ont émergé sur le web, Facebook fait la sourde oreille et semble décidé à abuser de sa situation de monopole pour imposer de nouvelles évolutions, au risque de perdre une part de sa “coolitude”. Facebook dispose d’un grand avantage  qui lui permet de résister : plus vous l’avez utilisé, moins vous serez enclin à le quitter, car plus vous aurez quelque chose à perdre en désactivant votre compte. En effet, les réseaux sociaux, par nature, sont un segment de marché où “the winner takes it all” (le 1er à s’imposer sur ce marché et à atteindre un seuil critique d’utilisateurs dispose d’un avantage concurrentiel difficilement mis en danger par de nouveaux entrants). Or, Facebook semble avoir dépassé la taille critique nécessaire  (demandez à Google+ !) et se trouver en position de faire valoir sa loi (de Zuckerberg).

Et vous, utilisez-vous Facebook différemment depuis l’apparition de ces nouveautés ? Vous dérangent-elles ?